Biographie


5 juillet 1928 : Naissance à Cartignies (Nord)

Né dans l’Avesnois, Pierre Mauroy et sa famille suivent le père, instituteur, lorsqu’il est nommé à Haussy, à la limite du Cambrésis et du Valenciennois, en 1935.

1938-1948 : Elève et étudiant

Après sa scolarité à Haussy, Pierre Mauroy poursuit ses études secondaires aux lycées de Cambrai et du Cateau-Cambrésis, puis des études supérieures comme élève-professeur à l’Ecole normale nationale d’apprentissage de Cachan (aujourd’hui dans le Val-de-Marne)

1946-1959 : Adhérent au mouvement des Jeunesses socialistes

Engagé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale au sein du mouvement des Jeunesses socialistes, Pierre Mauroy en devient le secrétaire national entre 1955 et 1959.

1950-2013 : Fondateur de la Fédération nationale Léo-Lagrange

Archine INA – Interview accordée en 1973

En 1950, Pierre Mauroy fonde la Fédération nationale Léo-Lagrange qui deviendra l’un des plus importants mouvements d’éducation populaire. Après avoir occupé la fonction de secrétaire général pendant une vingtaine d’années, il préside « la fédé » entre 1972 et 1981, puis à partir de cette date est nommé président d’honneur.

1952-1960 : Adhérent de la Fédération de l’éducation nationale

Devenu professeur d’enseignement technique à Colombes en 1952, Pierre Mauroy est élu en 1955 secrétaire général du Syndicat des collèges d’enseignement technique au sein de la FEN (Fédération de l’Education Nationale). En 1958, il est élu à la Commission administrative nationale où il occupe successivement les fonctions de secrétaire de la Commission Jeunesse-Culture puis secrétaire de la Commission pédagogique.

1952-2013 : Adhérent du Parti socialiste.

Entré à la SFIO en 1952, Pierre Mauroy devient membre du comité directeur et du bureau en 1963 puis secrétaire général adjoint en 1966. Lorsqu’est créée la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) rassemblant la SFIO, le Mouvement des Radicaux de Gauche (MRG) et les clubs de la Convention des Institutions Républicaines (CIR), il siège au comité exécutif de cette fédération de 1965 à 1968. Le 4 mai 1969, lors du congrès extraordinaire d’Alfortville qui voit le « parti socialiste » succéder à la SFIO à la suite d’une fusion avec l’Union des clubs pour le renouveau de la gauche (UCRG) d’Alain SavaryRobert Verdier et Pierre Bérégovoy, ainsi que l’Union des groupes et clubs socialistes de Jean Poperen et Colette Audry, il assume les fonctions de premier secrétaire par intérim de la nouvelle formation. Du 11 au 13 juillet, le congrès d’Issy-les Moulineaux complète le congrès extraordinaire d’Alfortville et scelle la fin de la Section Française de l’Internationale Ouvrière, créée en 1905, au profit d’un nouveau Parti Socialiste. Lors de l’élection du premier secrétaire, Pierre Mauroy est battu d’une voix par Alain Savary qui bénéficie du soutien de Guy Mollet. Ce qui permet au secrétaire général de la SFIO de maintenir Ernest Cazelle au contrôle des fédérations départementales.

Deux ans plus tard, en juin 1971, lors du congrès d’Épinay dénommé congrès d’unification des socialistes, Pierre Mauroy apporte le soutien de la fédération du Nord à François Mitterrand dont la formation , la CIR, rejoint la nouvelle formation socialiste. Il devient secrétaire national à la coordination, c’est-à-dire numéro 2 du parti derrière François Mitterrand élu Premier secrétaire.

Soucieux de mener jusqu’à son terme le mouvement de rassemblement des divers courants socialistes, Pierre Mauroy entreprend, en 1974, de jeter des ponts vers le Parti Socialiste Unifié (PSU) de Michel Rocard. Les 12 et 13 octobre 1974, au lendemain de la campagne présidentielle qui, en mai, a vu François Mitterrand, talonner Valéry Giscard d’Estaing, se tiennent les « assises du socialisme » qui devaient permettre au PSU d’effectuer sa jonction mais où seul Michel Rocard et une minorité des siens effectuent leur ralliement. Cette nouvelle cohabitation ne va pas sans difficultés, notamment entre le chef de file du PSU et François Mitterrand. En 1979, à la suite de l’échec des discussions sur l’actualisation du programme commun de gouvernement de la gauche, le congrès de Metz, qui se tient du 6 au 8 avril, voit s’opposer au texte du premier secrétaire non seulement une motion déposée par Rocard et les siens mais aussi une autre déposée par Pierre Mauroy, en compagnie d’Alain Savary. Cette « motion B », est intitulée : « Pour le socialisme : synthèse et unité dans la clarté ».

Devenu minoritaire au sein du PS, Pierre Mauroy ne s’en prononce par moins, en janvier 1981 à l’occasion du congrès de Créteil, en faveur d’une candidature de François Mitterrand à l’élection présidentielle de mai alors que Michel Rocard brigue lui aussi ce rôle. Une fois sa candidature officialisée, François Mitterrand cède sa fonction de premier secrétaire du PS à Lionel Jospin et fait de Pierre Mauroy son porte-parole.

En mai 1988, au début du second mandat présidentiel de François Mitterrand, Lionel Jospin étant devenu ministre, la fonction de premier secrétaire doit être pourvue. François Mitterrand souhaite confier cette tâche à Laurent Fabius et faire élire Pierre Mauroy à la présidence de l’Assemblée nationale. Cette distribution ne convient toutefois ni à Lionel Jospin ni à Pierre Mauroy. En conséquence, une « primaire » est décidée au sein du courant majoritaire (A-B mitterrandiste-mauroyiste) entre Laurent Fabius et Pierre Mauroy et ce dernier l’emporte par 63 voix contre 54. Elu Premier secrétaire, Pierre Mauroy est reconduit dans cette fonction lors du congrès de Rennes en mars 1990 et reste en place jusqu’en janvier 1992.

Membre des instances de la Fédération du Nord et du bureau national de 1995 à 2013, Pierre Mauroy a soutenu Lionel Jospin lors des élections présidentielles de 1995 et 2002, puis Ségolène Royal lors de l’élection présidentielle de 2007. En 2011, il s’est prononcé en faveur de Martine Aubry lors de l’élection primaire socialiste, puis pour François Hollande à la campagne duquel il a regretté de ne pouvoir participer en raison de son état de santé.

1973-1995 : Maire de Lille

Conseiller municipal de Cachan entre 1965 et 1971, Pierre Mauroy est appelé à Lille par Augustin Laurent, maire de Lille, pour occuper le poste de premier adjoint et de vice-président de la communauté urbaine de Lille après les élections municipales de mars 1971. Devenu maire de Lille en janvier 1973, il sera réélu quatre fois en 1977, 1983, 1989 et 1995. Président de la FMVJ (Fédération mondiale des villes jumelées) entre 1984 et 1988 puis de la Fnesr (Fédération nationale des élus socialistes et républicains) entre 1987 et 1990, il devient en 1989 président de la communauté urbaine de Lille (aujourd’hui Lille Métropole) où il est réélu en 1995 et 2001. Ces mandats locaux sont marqués par une modernisation importante de l’agglomération lilloise : création du métro Val, construction du quartier d’affaires Euralille et de la gare TGV Lille-Europe…

En 2001, il laisse la place de maire de Lille à Martine Aubry qui occupait la fonction de première adjointe depuis 1995 tout en restant conseiller municipal de la ville et président de la communauté urbaine jusqu’en 2008.

1973-1981 et 1986-2011: Député et sénateur du Nord

Elu député de la 2e circonscription du Nord en mars 1973, Pierre Mauroy est réélu lors des élections législatives de 1978, 1981 et 1986. Remplacé par son suppléant entre 1981 et 1986, il devient député de la 1ére circonscription en 1988, poste qu’il abandonne en 1992 pour devenir sénateur. Il occupe cette fonction jusqu’en 2011.

1974-1981 : Président de l’établissement public régional du Nord-Pas-de-Calais.

Conseiller général du Cateau-Cambrésis depuis 1967 puis vice-président du conseil général du Nord depuis 1970, Pierre Mauroy est élu, en janvier 1974, président de l’établissement public régional (précurseur du conseil régional) du Nord-Pas-de-Calais. Il marque cette fonction, qu’il occupe jusqu’en 1981, par une volonté de liberté d’action vis-à-vis du pouvoir exécutif national. Il est à nouveau conseiller régional entre 1986 et 1988.

1981-1984 : Premier ministre

Pierre Mauroy et Francois Mitterrand

Nommé le 21 mai 1981 Premier ministre, suite de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, Pierre Mauroy forme un premier gouvernement. Son deuxième gouvernement, constitué après les élections législatives des 14 et 21 juin 1981, entame une politique, marquée à gauche en appliquant les promesses de campagne : trente-neuf heures hebdomadaires, cinquième semaine de congés payés, augmentation du nombre de fonctionnaires, décentralisationnationalisationsimpôt sur les grandes fortunesretraite à soixante ans, abolition de la peine de mort, remboursement de l’IVG, réforme des médias…

Depuis l’été 1982, Pierre Mauroy a engagé une politique économique qui a pour objectif de casser une inflation à deux chiffres, de redresser le commerce extérieur et de rétablir une situation monétaire dégradée par une fuite de capitaux. Dans cette optique, le gouvernement introduit un gel des prix et des revenus et fixe une limite de 3 % de déficit. Après les élections municipales de mars 1983, Pierre Mauroy, qui refuse la sortie du franc du système monétaire européen (SME), est appelé à constituer un troisième gouvernement.

Parmi les réformes engagées par cette nouvelle équipe gouvernementale figure l’unification du service public d’éducation. Le texte résultant des négociations menées avec l’enseignement privé par le ministre de l’Education nationale, Alain Savary, est l’objet d’amendements du groupe socialiste ce qui sert de prétexte à une manifestation de plusieurs centaines de milliers de personnes à Paris le 24 juin 1984 (850 000 selon la police). Des évêques, dont Jean-Marie LustigerJean Vilnet, président de la Conférence des évêques de France, et Jean Honoré, apportent leur soutien aux manifestants. Simone VeilValéry Giscard d’EstaingJacques Chaban-Delmas, mais aussi Jacques Chirac, maire de Paris, défilent dans la rue. Ils réclament un refenrendum sur un sujet que le cadre constitutionnel ne permet pas de traiter par cette voie. Lors d’une allocution télévisée le 12 juillet, François Mitterrand annonce un referendum destiné à élargir la procédure référendaire aux questions touchant  les libertés publiques et il indique qu’un nouveau texte définira  les rapports entre l’Etat, les communes, les départements, les régions et l’enseignement privé. Lors de son interview télévisée du 14 juillet il confirme que cette nouvelle démarche implique le retrait du texte adopté par l’Assemblée nationale sur lequel Pierre Mauroy avait engagé la responsabilité de son gouvernement. Le soir même, le Premier ministre dîne avec le ministre de l’Education nationale qui annonce son intention de donner sa démission. Le 15 juillet, Pierre Mauroy fait porter une lettre à François Mitterrand qui se trouve dans sa bergerie de Latché dans laquelle il explique que, pour que le Président ait les mains libres, il convient que le Premier ministre se retire. Le 17 juillet 1984, Pierre Mauroy remet officiellement sa démission au président François Mitterrand.  

1992-1999 : Président de l’Internationale socialiste.

Entre 1992 et 1999, Pierre Mauroy dirige l’Internationale socialiste qui passe, pendant cette période, de 101 à 170 membres après l’affaissement de l’Union soviétique et l’émancipation des pays d’Europe de l’Est d’une part, et le ralliement de nombreux partis d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique d’autre part.

1992-2013 : Président-fondateur de la Fondation Jean-Jaurès.

En 1992, Pierre Mauroy crée la première fondation politique de France, la Fondation Jean-Jaurès, un organisme de réflexion sur les problèmes politiques. Il en assume la présidence jusqu’à son décès.

7 juin 2013 : Décès à l’hôpital d’instruction des armées Percy à Clamart (Hauts-de-Seine).

Hospitalisé à la suite à une tumeur cancéreuse du poumon, Pierre Mauroy meurt d’un malaise lié au traitement de sa maladie. Le 11 juin, un hommage national lui est rendu à l’hôtel des Invalides en présence de François Hollande, président de la République. Lire l’hommage de François Hollande. Les funérailles se déroulent le 13 juin à Notre-Dame-de-la-Treilleà Lille, suivie d’une inhumation au cimetière de l’Est.


Pour aller plus loin :

Assises du socialisme (1974)

Après les Assises, l’ombre portée du PSU sur le PS

Pierre Simon

p. 291-300


Assises du Socialisme

Pour le socialisme – Paris 12-13 octobre 1974 – E-book – PDF

Jean-Claude BarreauMax Chaleil


Le congrès d’Épinay-Sur-Seine du parti socialiste 

Jacques Moreau

Vingtième Siècle. Revue d’histoire  Année 2000  65  pp. 81-96


La « rigueur » :

Le « tournant de la rigueur » de 1983 : un moment décisif, vraiment ?