Une journée décisive pour les droits des femmes


Au lendemain de l’adoption par le Congrès réuni à Versailles de la loi inscrivant dans la Constitution française la liberté garantie aux femmes qui le souhaitent de procéder à une interruption volontaire de grossesse, l’Institut Pierre Mauroy publie sur son site le texte que Bernard Derosier, co-président, a rédigé le jour même dans son blog afin de souligner l’importance de cet événement dans l’histoire politique de notre pays. Vous trouverez également ci-dessous un article de Ghislaine Toutain, secrétaire de notre association, qui rappelle les nombreuses mesures en faveur du progrès des droits de la femme que Pierre Mauroy a initiées lors de son passage à Matignon.


Pierre Mauroy : Un action remarquable pour les droits des femmes

Le Parlement a adopté, le 4 mars 2024, à une très forte majorité, l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la constitution. Comme l’écrit Bernard Derosier dans son blog du 4 mars dont nous publions le texte ci-dessous, la France devient ainsi le premier pays à constitutionnaliser « un dispositif qui renforce les droits des femmes ». Cet acte recueille d’ailleurs un écho international, l’IVG étant pas autorisée dans de nombreux pays quand elle n’est pas menacée dans des pays qui l’autorise.

Des réformes ambitieuses

Cette avancée est l’occasion pour l’Institut de rappeler en quelques lignes l’action conduite par Pierre Mauroy à Matignon en faveur des droits des femmes. Pour la première fois, en mai 1981, figure dans son gouvernement (et dans les deux suivants), une ministre des Droits de la femme, Yvette Roudy, à la tête d’un ministère à part entière. En outre, le gouvernement se féminise, comptant six femmes ministres : Nicole Questiaux, Édith Cresson, Yvette Roudy, Edwige Avice, Catherine Lalumière et Georgina Dufoix.

Pour la première fois également en 1982, le 8 mars sera officiellement désigné par le gouvernement comme la Journée internationale des femmes, la France ne l’ayant pas encore fait alors que l’ONU l’avait reconnue en 1977. Pierre Mauroy prononcera, ce jour-là, une allocution dans laquelle il développe l’ensemble des « réformes ambitieuses » qu’il entend faire adopter pour les droits des femmes.

Parmi elles, figure le remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale, une réforme désapprouvée par François Mitterrand mais consacrée par la loi l’autorisant votée le 31 décembre 1982. Figure aussi la loi du 13 juillet 1983 portant sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, dite loi Roudy, qui propose des mesures concrètes au sein des entreprises et institue un Conseil supérieur de l’égalité professionnelle, chargé de définir et de mettre en place le principe et la politique de l’égalité dans le travail.

Une action remarquable, donc, pour l’égalité entre les femmes et les hommes, loin encore d’être totalement acquise en France, en Europe et dans le monde. Un combat qui reste à mener, que l’Institut Pierre Mauroy entend soutenir.

Ghislaine Toutain


Une décision historique

Ne pas évoquer la réunion du Parlement en Congrès, à Versailles, pour inscrire dans la Constitution le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) serait un manque de considération à l’égard d’une décision historique.
Réunir le Congrès est déjà en soi un évènement rare pour qu’on en mesure l’intérêt. Ce sera la 17ème fois au cours des 65 années de la Vème République. C’est donc un évènement d’importance qui traduit la force d’une Démocratie parlementaire. Les citoyens attachés à ce concept ne peuvent que s’en réjouir.

L’inscription dans la Constitution de cette disposition, à savoir « une liberté garantie d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » est un évènement qui fait de la France le premier pays au monde qui grave dans le marbre de son texte fondamental un dispositif qui renforce les droits des femmes. On ne peut que s’en réjouir et souhaiter que cela encourage d’autres pays à s’en inspirer. La « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » décidée par les Révolutionnaires le 26 août 1789 a influencé d’autres démocraties et sert encore de référence aujourd’hui. Il faut espérer que le droit à l’IVG devienne également un modèle.

On constate malheureusement que cette liberté pour les femmes est trop souvent remise en question dans certaines démocraties. L’exemple récent de la décision de la Cour Suprême des Etats-Unis laissant les Etats américains libres d’interdire l’IVG peut faire des émules. Le gouvernement conservateur polonais s’était engagé dans cette voie. Fort heureusement, un changement de majorité dans ce pays a permis de mettre fin aux mesures restrictives décidées auparavant. En Italie, l’extrême-droite au pouvoir ne fait rien pour permettre l’usage de cette liberté pour les femmes même si, jusqu’alors, elle n’a pas mis fin au droit à l’avortement.

C’est là que réside le danger permanent qui pèse sur nos institutions si une majorité d’électrices et d’électeurs permet l’accès au pouvoir du Rassemblement National lepéniste. Si les sondages nous informent que près de 70 % des Français sont favorables à l’inscription de l’IVG dans notre Constitution, il faut que les mêmes soient déterminés à rejeter le danger fasciste qui menace notre République.

Au-delà de l’évènement d’importance que constitue la réunion du Congrès, l’actualité nous apporte d’autres informations qui concernent également la démocratie. Les élections européennes de juin prochain amènent les différents candidates et candidats à occuper les médias. A Marseille, hier, l’extrême-droite a réuni ses partisans. Ils étaient nombreux, trop nombreux, et parmi eux, beaucoup de jeunes.

Mais tout n’est pas perdu. On apprenait ce matin les projets de François Hollande dans le cadre de la campagne pour les élections européennes : promouvoir un ouvrage en bande dessinée destiné aux jeunes. L’information précisait que l’ancien président de la République socialiste occupait la troisième place parmi les personnalités préférées des Français, premier du classement pour la gauche. Il doit ce succès aux jeunes, les 18-25 ans, qui lui reconnaissent l’importance de sa contribution à la protection de la planète à travers la COP21 en 2015.

C’est un juste retour des choses et la direction du Parti Socialiste ferait bien de s’en inspirer pour organiser le rassemblement de la gauche et, d’abord, des socialistes.

Bernard Derosier